Fonctionnalités communicatives


Dans un texte précédent (non publié), nous avions distingué deux types de gestes, des gestes- signes et des gestes-actions. Cette présentation dont des traces se retrouveront dans le texte actuel a l’inconvénient de suggérer que les gestes ont chacun une fonction particulière alors que notre hypothèse plus nette maintenant est que chaque geste est porteur de différentes fonctions, chacune ayant un rôle qui dépend de la place que le geste considéré joue dans l’activité. Léontiev avait déjà développé cette idée : « En agissant sur la nature, les mouvements de travail des hommes agissent également sur les autres participant à la production. Cela signifie que les actions de l’homme ont dans ces conditions une double fonction : une fonction immédiatement productive et une fonction d’action sur d’autres hommes, une fonction de communication ». Mais il ne faut pas oublier, non plus, que le geste est incorporé (embodied) et qu’il dépend des capacités sensorimotrices du corps. Enfin, on retiendra aussi que le geste « contribue à la réalisation de la pensée, à la mise en forme de l’esprit » (id.) et à la communication intersubjective. Ces différents aspects du geste se retrouvent dans toute théorie intégrative du geste, en particulier dans celle développée par Gallagher. Dans cette partie, les gestes deviennent des signes et, par commodité de langage, nous parlerons de gestes-signes quand les gestes seront envisagés du point de vue de cette fonctionnalité. Cette fonction du geste comme instrument de communication a fait l’objet de nombreuses recherches notamment en référence aux théories de l’énaction. Quoiqu’elles ne fassent que peu référence à des situations de travail, il est utile d’en mentionner quelques aspects. Les gestes sont considérés alors comme un des langages du corps : ils entrent dans la catégorie des communications non verbales. « Les expressions faciales et les gestes des mains sont les plus importantes des communications non verbales, ces dernières constituant la partie massive des communications humaines » (Cherry, 2010). Gallagher (2005), dans un ouvrage qui s’intéresse à « Comment le corps donne forme à l’esprit » (How the body shapes the mind) et dans lequel il a consacré un chapitre « au corps en geste » (the body in gesture), note que les gestes ne sont pas seulement des mouvements et ne peuvent jamais être pleinement expliqués sous ce seul angle. « Ce ne sont pas seulement des bras qui s’agitent dans l’air, mais des symboles qui expriment en eux-mêmes des significations ».


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