La croisade contre les pesticides


Nos certitudes écologiques semblent tous les jours amoindries par les travaux scientifiques, les découvertes récentes et l’esprit critique qui refuse de laisser le champ libre aux certitudes dogmatiques et ce malgré un travail de sape permanent d’une presse bien décidée à nous vendre de la catastrophe. Heureusement, de fiers capitaines restent droits dans la tempête de doutes qui s’abat sur eux et continuent, vaille que vaille, à distiller leur idéologie décroissante, alter comprenante et gravement éco-conscientisée. feth.jpgEt dans ces capitaines de navires en perdition, comment passer à côté de Stéphane Foucart du Monde ? Fermement accroché à la barre d’un esquif journalistico-écologique de fortune qui prend l’eau de toute part à mesure que se révèle l’escroquerie du Réchauffement Climatique dit Anthropique, il a décidé de prendre une girouette pour boussole et nous emmène dans des aventures scientifiques aussi douteuses qu’amusantes. Et c’est donc sans surprise qu’on découvre sa dernière prouesse journalistique par le truchement d’un article visant à montrer que le rapport coût-bénéfice de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture serait négatif. Notre brave Stéphane, idéologie décroissante en bandoulière, a décidé de nous entretenir d’une passionnante « étude » réalisée par deux chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) – c’est français, c’est de la qualité française ! – étude qui essaye d’estimer les externalités négatives des pesticides (les coûts qu’ils entraîneraient) et qui montrerait que dans certains cas, ce coût pourrait excéder largement les bénéfices offerts par les herbicides, fongicides et autres insecticides. Avant même d’aller plus loin, notez que j’ai parlé d’une « étude » (en utilisant les guillemets) et d’estimations, et qu’on utilise ici des doses industrielles de conditionnel pour tartiner l’article. C’est normal : tout ce gros conditionnel gluant ainsi que l’utilisation d’une simple review qui a essentiellement listé des articles trouvés par internet comme s’il s’agissait d’une véritable étude est un cas banal de journalisme français comme on en trouve assez régulièrement, avec toutes les dérives habituelles de cette triste maladie. Comme d’habitude (et ce qui explique largement l’intérêt compulsif du journaleux du Monde), sous couvert de science, des chercheurs ont essentiellement fait du mauvais journalisme. Et pour s’en convaincre, on pourra lire les arguments déployés par nos chercheurs et relayés avec gourmandise par le petit journaliste en mal de propagande écolo facile : pour ce triplet, c’est sûr, les coûts des pesticides (calculés par leurs soins) sont largement supérieurs aux bénéfices qu’on peut en retirer. Méchants, méchants pesticides ! Et ces coûts, calculés pour les Etats-Unis, arrivent tout de même à la somme impressionnante de 35 milliards de dollars. Cette coquette somme se répartit en plusieurs postes, dont le premier (de 18 milliards de dollars) correspondrait (conditionnel obligatoire) au coût des décès par cancers directement imputables aux pesticides. Apparemment, cela représenterait 2000 vies perdues, soit … 9 millions de dollars par vie. Anton Suvalki dans un récent article, même en oubliant qu’en réalité, rien ne permet de relier définitivement ces 2000 morts-ci à ces pesticides-là, on ne pourra s’empêcher de noter qu’à ce prix de 9 millions de dollars, les 500.000 décès effectivement constatés tous les ans aux Etats-Unis coûteraient plus de 5000 milliards de dollars, soit 29% du produit intérieur brut américain, ce qui en soit est parfaitement grotesque puisque cela revient à dire que l’ensemble du coût des maladies contractés sur place dépasserait largement 100% du PIB en question. À ce rythme, on se demande encore comment les Américains font pour seulement survivre. Dans les autres postes de coûts, dans son article d’analyse des cabrioles du Monde, Anton Suvalki revient aussi sur d’autres éléments farfelus. Je vous encourage à aller le lire, c’est assez édifiant, notamment le passage sur les oiseaux (évalués à 35$ pièce, dont 30 comme « valeur récréative »). Pour ma part, j’ai surtout noté l’idée ébouriffante des « frais d’évitement », qui seraient induits par les excédents de dépense des ménages qui ont opté pour l’alimentation biologique afin de minimiser le contact avec les pesticides.


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