Les blocs commerciaux régionaux en Afrique


La formation de blocs commerciaux régionaux est une caractéristique importante et bien documentée de l’intégration économique en Afrique. Il existe sur le continent 17  blocs de ce genre, dont 8  sont reconnus officiellement par l’Union africaine (UNCTAD, 2009). Les communautés économiques régionales ont été créées essentiellement pour promouvoir la coopération économique, mais elles interviennent de plus en plus aussi dans d’autres domaines. Ainsi, la CEDEAO et la SADC se sont employées très activement à promouvoir la paix et la sécurité dans leur région respective. Phénomène intéressant, dans une étude récente de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) sur les pays membres et les communautés économiques régionales, 39  % des enquêtés ont indiqué qu’ils adhéraient à un bloc régional pour des raisons économiques, contre  31  % qui le faisaient pour des raisons politiques. Des facteurs géographiques, culturels et historiques sont d’autres raisons avancées par les pays africains pour adhérer à une communauté économique régionale. Le nombre élevé des blocs commerciaux régionaux en Afrique donne à penser que les dirigeants politiques estiment que ces blocs offrent la possibilité de promouvoir le commerce régional, de stimuler la croissance et de créer du développement. Cette conviction peut s’expliquer rationnellement à partir d’arguments des ouvrages spécialisés qui révèlent la possibilité de tirer des avantages statiques et dynamiques de la libéralisation douanière dans le cadre d’accords régionaux de commerce (Viner, 1950). Les avantages statiques découlent d’une affectation plus rationnelle et plus efficace des ressources: la suppression des obstacles au commerce entre membres d’un même bloc crée des échanges au sein du bloc en transférant la production des zones ou pays à coût élevé aux zones ou pays à faible coût. Cependant, la libéralisation à l’intérieur d’un bloc commercial peut aussi détourner des courants d’échanges en provoquant un transfert des producteurs à faible coût extérieurs au bloc aux producteurs à coût élevé à l’intérieur du bloc. Le résultat net sera favorable si l’effet de création de courants d’échanges l’emporte sur l’effet de détournement de courants d’échanges. C’est ce qui adviendra si les conditions suivantes sont remplies: les membres du bloc sont compétitifs et les structures de production diffèrent d’une économie à l’autre; le bloc comprend beaucoup de membres et possède une forte part du commerce et de la production mondiaux; les droits de douane en vigueur entre les membres du bloc sont élevés; les distances entre les membres sont petites. Bien évidemment, les blocs régionaux africains ne répondent pas à tous ces critères, de sorte que la thèse économique en faveur de blocs commerciaux sur le continent s’appuie sur les avantages dynamiques (ou effets de croissance) plutôt que sur les arguments statiques traditionnels en faveur de l’intégration.


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